En juin 1974 sort le quarante-deuxième numéro d'Eclipso (publié par Arédit, collection "Comics Pocket"). À cette époque, chaque couverture de cette série porte la mention "BANDES DESSINÉES POUR ADULTES", ce qui me fait toujours bien rire. Il s'agit en fait de l'adaptation d'histoires parues chez Marvel. Ce numéro se compose des histoires suivantes:
1) L'Homme-Chose
2) Trente minutes à vivre
3) Les esclaves du crépuscule
4) Namor contre Draggor
5) Le Géant brise le "Casseur"
6) La défaite de Thor
7) L'appel de l'au-delà
8) La malédiction de Westfield
9) Conan le Barbare
La couverture est une reproduction de Fear #10 (octobre 1972), réalisée par Gray Morrow.
Nous remarquons les choses suivantes: dans l'original, le père ne montre pas d'hésitation à qualifier l'étrange créature (même si le terme qu'il emploie, "thing", est flou), contrairement à ce que nous lisons sur la couverture française ("ce... cette chose"). Cette même couverture française, à ce point, synthétise la quantité d'informations présente de manière plus fragmentée dans l'original: "It's got Bobby!" disparaît mais le prénom se déporte, en français, sur la phrase suivante ("Si elle entraîne Bobby" vs. "If it takes him"). Le phénomène le plus important, cela dit, est à mon sens l'atténuation de la traduction: "-- It'll kill my son!!" vs. "... il va mourir!!" "Mourir" est certes explicite mais malgré tout plus faible que "kill". Même dans des bandes dessinées "pour adultes", l'idée de la mort était délicate à gérer en français. Aux Etats-Unis également, cela dit: là-bas, bien des histoires, jusqu'à une certaine époque, substituaient par exemple "destroy" pour "kill", "disappear" pour "die".
"Marais" se dit "swamp", en anglais. Récemment, un ami m'a demandé qui, du Man-Thing (Marvel) ou du Swamp Thing (DC), était apparu le premier. Renseignement pris, les deux remontent à la même année, 1972, mais Man-Thing a une légère tête d'avance.
Ce recueil Eclipso s'ouvre donc par Man-Thing! (Fear #10, octobre 1972). Gerry Conway est au scénario, Gray Morrow et Howard Chaykin au dessin (le second pour les finitions). Roy Thomas dirige l'ensemble.